FAUVIEAU
(Hector).
Le Borinage.
Monographie politique, économique, sociale.
Frameries, Union des Imprimeries, 1929.
In-8°
broché, 358 p., exemplaire non coupé.
Préambule :
De belles pages ont été écrites
sur le Borinage. On en a donné surtout, de manière
charmante, les traditions et usages populaires, les anciennes
poésies et les anciennes légendes ; les chants,
les proverbes et les jeux. Certes, le travail, le rude labeur
de l'ouvrier mineur a été magnifié. Mais,
dans toute la littérature ayant pour sujet le Borinage,
j'ai vainement cherché une œuvre d'investigation
statistique.
Il m'a semblé qu'un travail qui aurait
pour objet l'étude de la population boraine, de sa formation,
de son évolution, de ses activités, de ses réalisations
dans les divers domaines de l'industrie, du commerce, de l'enseignement,
de la politique et de ses organisations économiques et
professionnelles devait présenter un attrait tout particulier
pour celui qui, Borain lui-même et aimant le Borinage,
s'y livrât et y prît goût, ainsi qu'un intérêt
irrésistible pour le public.
Mêlé intimement à sa vie,
témoin intéressé de son évolution,
l'idée nous en était déjà venue il
y a une dizaine d'années.
Alors, déjà, il nous semblait
que, pénétrer profondément dans l'étude
de cette région, en examiner la position au point de vue
politique et social, eût été d'un incontestable
enseignement.
Les mouvements populaires français,
depuis la grande Révolution, ont toujours eu une répercussion
immédiate et plus ou moins sérieuse sur le Borinage.
Des convulsions, les unes d'apparence bénignes, d'autres
plus grandes n'ont pas cessé de le secouer jusqu'aux années
1880 à 1885 qui virent préparer et organiser la
grande enquête sur la situation de la classe ouvrière
et, au cours de l'année 1893, la Belgique politique subit
une modification profonde qui alla s'accentuant comme mue par
un rythme puissant. Onze ans plus tard, le Borinage apparaissait
à l'esprit attentif considérablement changé.
Alors, déjà, l'on pouvait dégager, d'un
ensemble de faits, certaines répercussions très
marquées sur la population, sur le caractère, sur
les rapports sociaux, sur la vie économique et morale.
Elles étaient le fait d'une transformation et d'une évolution
lentes, mais réelles.
Il y eut la guerre.
Dix années nous en séparent.
Les événements, les bouleversements de tous ordres
se sont opérés avec une rapidité étonnante,
mais irrésistible. Qu'on le veuille ou non, le travail
participe au pouvoir. Le fait entraîne des conséquences
qui rendent plus heureux les uns, et qui terrifient les autres.
L'ouvrier est devenu un collaborateur et, dans bien des cas,
un associé du patron. Et pour citer un exemple plus typique,
la communauté d'intérêt qui unit l'ouvrier
mineur du Borinage aux conseils d'administration et à
la direction des sociétés anonymes charbonnières
est indiscutable.
Une controverse s'élève à
l'heure présente, qui tend à établir un
désaccord irrémédiable entre des doctrines
économiques qui s'attribuent exclusivement une aussi profonde
révolution, oubliant ou négligeant le progrès
sous toutes ses formes et dans ses multiples applications, le
progrès humain.
Laissons les philosophes et les économistes
à ce jeu d'exégètes et de prophètes.
Notre tâche sera plus modeste. Elle consistera à
établir comment et dans quelle mesure le Borinage s'est
dégagé de l'étreinte de la misère
matérielle et morale d'un long passé.
Pour ce travail, nous avons résolu de
ne nous adresser qu'aux faits.
Et nous sommes mieux en mesure, aujourd'hui,
de le réaliser. Notre position dans le monde ouvrier nous
a permis, depuis trente années bientôt, d'enregistrer
maints faits et constatations qui abondent en enseignements de
tous genres. Appelé, le lendemain de l'armistice, à
l'administration d'une des plus importantes communes boraines,
ayant pu pénétrer plus sûrement encore les
faits qui sont propres à la population et à ses
phénomènes divers, ayant décelé les
problèmes qui occupent la société moderne,
voilà ce qui fut déterminant.
Certes, l'on objectera que, visant un but aussi
considérable, une certaine garantie de neutralité
est indispensable. Mais, tout homme normal professe, en toute
chose, une opinion. La neutralité, spécifiquement,
est un non sens.
Nous tenons à dire que ce travail est,
avant tout, un exposé de faits.
Nous nous sommes efforcé de dresser,
en regard de la situation actuelle, celle d'époques antérieures.
Nous ne dissimulons pas l'importance de semblable tentative et
cependant, nous devons reconnaître que les matériaux
existants sont souvent bien incomplets ; ceux nécessaires
à certaines recherches, même d'ordre purement statistique,
font aussi trop souvent défaut.
Néanmoins, nous croyons avoir réuni
et situé suffisamment de matériaux pour permettre
les comparaisons utiles.
Nous osons espérer que l'on ne nous
accusera pas de les juger et d'en tirer des conclusions à
des points de vue qui peuvent être les nôtres, ou
d'avoir fait état d'opinions personnelles. Nous croyons
avoir réussi à nous en tenir à une objectivité
rigoureuse des faits, et les conclusions nécessaires sans
lesquelles notre travail n'aurait aucune raison d'être,
nous les avons formulées dans la plénitude la plus
absolue de notre indépendance.
Sans doute, l'on pourra nous faire des reproches ;
mais nous avons la conviction qu'avec un peu d'impartialité
l'on nous accordera un mérite : celui de la franchise
et de la sincérité.
Nous avons contracté, vis-à-vis
de fonctionnaires et d'employés de nos administrations
publiques, plus rarement vis-à-vis d'amis, une dette de
reconnaissance. À défaut des renseignements qui
nous ont été prodigués de la manière
la plus obligeante, il nous eût été impossible
de publier ce travail.
Que tous ceux qui nous ont fourni les documents,
les statistiques et les matériaux utiles, reçoivent
ici l'expression de notre gratitude la plus vive et la plus sincère.
Table des matières :
Chapitre I : Définition et origine.
- Étendue territoriale.
- Le sous-sol.
- Historique.
- L'Homme.
- Le Patois.
- L'Habitation.
- Le Village.
Chapitre II : Démographie.
- Mouvement de la population.
- Densité de
la population.
- État Civil.
- Les divorces.
- Répartition
d'après les langues parlées.
- Logements.
- Abandon d'enfants.
Chapitre III : État agricole,
industriel et commercial.
- Agriculture.
- Artisanat.
- Industrie.
- Les Mines.
- Le Commerce.
Chapitre IV : Organisation sociale
du travail.
- La femme et l'enfant
dans l'industrie.
- La femme et l'enfant
dans la législation sociale d'aujourd'hui.
- L'apprentissage.
- La durée du
travail.
- Les accidents du travail
et leurs suites.
- La longévité
ouvrière.
- Les grèves.
- Le Borinage dans la
législation industrielle, minière, sociale.
Chapitre V : La Guerre - Problèmes
économiques.
- La Guerre.
- Reconstruction et
crise.
- La situation matérielle
des travailleurs.
- Le coût de la
vie.
- Les salaires.
- Les pensions ouvrières.
Chapitre VI : La vie économique,
politique et sociale.
- Les sociétés
coopératives.
- Les mutualités.
- Les unions professionnelles.
- Les organisations
politiques.
- La position des partis.
- L'Enseignement.
- Les activités
intellectuelles et éducatives.
- Situation matérielle
et morale.
- Conclusion.
- Index.
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